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Antenne ASSEDIC
archives du 23 janvier 98
TRACTS, CONTRIBUTIONS, TEXTES
62 - tract
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Etudiant Reveille-toi (tract non signé)
Date: 19/1/98
Source: AG Jussieu
Etudiant Reveille-toi

Etudiant, tu n'es qu'une marchandise. Et en tant que marchandise, ta
seule liberté est celle de circuler, à laquelle tes gardes-chiourme
tiennent tant. Aller et venir, changer d'employeur, de résidence, de
brosse à dent, de vagin ou de verge, voilà l'espace de ta stérile
agitation, le lieu désolé de ta jeunesse sans passion, voilà le volume
de la cellule où tu t'étioles et dont tu as si peur de toucher les murs.
A l'université, tu n'apprends guère qu'à te soumettre, et à t'ennuyer;
il faudra quelques années de ce dressage aride pour faire de toi un bon
salarié, dans le meilleur des cas, ou sinon un chômeur respectueux de
ses maîtres. Il n'est pas rare que tu te flattes de la profondeur de ton
obéissance, ou de la malice de ton ambitieuse soumission. Pauvre con !
qui ignore que l'on n'accède au pouvoir que pour s'y être intégralement
soumis; pas avant, donc, d'avoir renoncé à toute espèce d'existence
individuelle. Il n'est pas une seule dignité qui, dans la société
présente, ne se donne immédiatement pour une indignité, et tu le sais.
Tu te demandes aussi, à certains instants d'angoisse, ce que tu voudrais
vraimentfaire. Mais à cela il n'y a, bien entendu, pas de réponse:
comment pourrais-tu désirer en tant qu'homme ce que tu peux faire en
tant qu'étudiant ?

Le mal-nommé «mouvement des chômeurs», qui n'est rien d'autre que la
révolte des hommes libres contre un ordre social où nul ne trouve plus
d'emploi à ses facultés, est porteur d'une radicalité qui seule peut te
sortir de ton insignifiance. Il s'adresse à chacun en tant que
singularité quelconque. Il ne réclame rien de moins que l'abolition du
travail salarié, et du désert social qui est nécessaire à son maintien.
Il ne discourt pas; il agite, occupe, assiège, détruit. Il est déjà,
pratiquement, I'expérimentation de modes de vie, de joies, de
communautés sans précédent. Contre le bonheur grelottant des
consommateurs tapis dans leur moquette, il est la déflagration de LA
VRAIE VIE qui emportera dans un éclat de rire gigantesque l'empire de
l'ennui, du calcul et de la séparation. Rien ne peut dispenser la vie
d'être-passionnante.

L'échec formidable de cette société est patent, en tous les domaines;
elle avoue elle-même qu'elle n'est plus, pour l'essentiel, réformable.
Sa destruction est d'autant plus imminente que les fous qui font mine de
la gouverner sont devenus sourds. Cela nous épargnera la peine d'avoir à
discuter avec eux, et nous aurons moins de remords, aussi, à les
éliminer. Il ne nous reste donc qu'à exécuter la sentence qu'elle a
depuis longtemps déjà prononcé contre elle-même. En occupant Jussieu,
par exemple, et en vouant à la métamorphose de la société ce que l'on
avait soigneusement destiné à sa reproduction.


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