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Antenne ASSEDIC
19 janvier 98
CHRONIQUE DE L'OCCUPATION DE L'ANTENNE ASSEDIC INTERNET
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Contribution: Soutien et encouragement à vos actions!
Internet, Dimanche 18/01/98
From: aflorent@club-internet.fr
"La solution du chomage n'est pas l'emploi" Soutien et encouragements à vos actions ! Il est en effet temps de se mettre en marche, de faire émerger de façon visible cette partie du corps social que l'on appelle les sans emploi. Et d'y associer les autres exclus, immigrés, SDF, porteurs du sida, etc. Pour aboutir à quelque chose, il faudra certainement arriver à montrer qu'il s'agit d'un mouvement profond, puissant, que l'on ne calmera pas fondamentalement par de simples mesures d'apaisementSigma Il semble donc qu'il faille en passer par manifestations et occupations, même s'il faut effectivement peut-être y mettre du discernement comme le suggère Stan Marcelja avec le Fongefor par exemple. Mais l'essentiel dans un premier temps est bien de faire apparaître un pan entier de notre société qui n'est évalué d'habitude que par des chiffres et quelques reportages de type ethnologico-bonne conscience. Il faut certes revendiquer et obtenir les indispensables mesures d'urgences aujourd'hui réclamées. Mais cette formidable mise en mouvement ne devrait-elle pas également être, en parallèle (et donc pas en opposition), l'occasion de mobiliser ce qui peut l'être à penser des solutions qui visiblement ne viendront pas des politiques ou du secteur économique ? Ne faudrait-il pas utiliser la puissance de ce mouvement pour réfléchir au fonctionnement de notre société et proposer une évolution des modèles avec lesquels nous fonctionnons ? Des modèles qui nous viennent d'autrefois, et qui ne fonctionnent plus. La solution du chômage n'est pas l'emploi. Les chiffres annoncés fluctuent dans un ordre de grandeur situé entre 10 et 20 % de la population active qui serait sans emploi, ce qui nous semble être au-delà de ce que nous pouvons tolérer. Pourtant, certains analystes disent qu'avec les gains de productivité, nous pourrons produire ce dont nous avons besoin pour vivre avec 3 ou 4 % de la population active. Dans notre logique actuelle, cela ferait plus de 95 % de "chômage"Sigma Et c'est pour la décennie qui vient, pas dans un futur hypothétique. Doit-on s'en lamenter ? Dans les années 70, j'ai vu les postes de travail à la chaîne dans l'usine Renault de Flins. Je pense que le jour ou ces postes ont été occupés par des robots, cela a été un soulagement pour l'humanité. Et l'horreur serait d'avoir à y revenir. Je trouve inacceptable l'enchaînement d'êtres humains à des caisses enregistreuses, dans des tâches de manipulations répétitives ou encore dans des postes dangereux par manque d'instrumentation, et la liste est longue. Nous pouvons produire avec des machines ? Et bien tant mieux ! Notre ministre du budget nous l'a rappelé, la France est riche, de plus en plus. Et elle aurait de moins en moins besoin que des femmes et des hommes s'attellent à des emplois dégradants et aliénant pour produire cette richesse ? Mais c'est la meilleure nouvelle du millénaire ! « Le travail, c'est la dignité de l'homme. » La belle affaire. Comme cela convient bien aux besoins des possédants qui ont l'usage de cette matière-labeur qui en redemande. Comme cela "convenait", d'ailleursSigma Parce qu'aujourd'hui, cela aurait plutôt tendance à les encombrer. La dignité, c'est certainement d'être actif, que chacun puisse faire ce qu'il décide de faire. Que chacun puisse choisir le moment et la nature de son engagement. La France a une des plus importantes activités associatives du monde. Combien de "travailleurs", rentrant fatigué de leur boulot, vont enfin se mettre à vire en rejoignant l'activité sociale, culturelle, sportive ou autre qu'il s'est choisi ? N'énumérons pas ici tout ce que chacun d'entre nous s'imagine comme activité lorsqu'il en est libreSigma Tout ce "temps libre" en perspective ne sera certainement pas un temps inoccupé. Le premier barrage vers cette "jouissance" est inscrit dans notre modèle social. Celui qui n'est pas au travail alors qu'il en a l'âge est, au choix, un incapable, un fainéant, un abruti, un profiteurSigma un pas comme il faut, quoi. Tous ceux qui sont passé par la "perte d'emploi" (ou le "pas encore d'emploi") l'on ressenti comme un étau psychologique terrible. Ne prenons que l'âge en question pour mesurer l'inéptie, sinon la relativité, de ce "sentiment". Aujourd'hui, la période "active" se situe environ de 18 à 60 ans, cela nous semble presque défini comme une expression de la "nature", si ce n'est du divin. Mais il n'y a pas si longtemps, à 6 ans on était aux champs et à 50 on était mort. Les routiers se font envoyer que la retraite à 55 ans, c'est indécentSigma Parce que 60 c'est décent ? Ca fait un chiffre rond ? Non, soyons sérieux, nous réfléchissons avec de vieux modèles et une calculette, alors qu'il est question d'un projet pour l'humanité. Le travail, dans une très grande majorité des emplois proposés, c'est nul. Ce n'est pas de l'épanouissement, ce n'est pas de l'accès à la conscience, ce n'est pas de la dignitéSigma Un jeune de vingt ans qui zone au pied de son immeuble n'a pas beaucoup de chance de produire autre chose que du "marginal", parce que tout le monde autour de lui, à commencer par le président de la république, lui explique qu'il est en situation de marginal. Il ne peut même pas commencer à penser qu'il a de la chance de ne pas être à l'usine ou au fond de la mine. Avant même de rencontrer le problème financier qui certainement l'accable, il rencontre une barrière sociale totalement intériorisée qui lui dit que déjà comme ça, avant même de ne rien faire, il a tout faux, il est tout faux. Dans les salons élyséens, il se dit qu'en banlieue les jeunes cassent parce que les parents ne les contrôlent plus. Certains veulent du coup mettre sous tutelle les ressources sociales de ces parents, pour les obliger à réagirSigma D'autres, qui regardent un peu plus loin, trouvent tout de même comme excuse à ces pauvres parents le fait qu'ils sont souvent au chômage, totalement décrédibilisés dans leur existence même, et donc bien incapable de faire respecter un modèle dont ils sont exclus. Et bien, changeons le modèle. Si des parents voient comme une chance de pouvoir être plus proche de leur famille pour vivre mieux avec elle, cela fonctionnera certainement dans de meilleures conditions que si écrasés d'angoisse ils doivent chaque jour boire la honte de n'être pas en train de "travailler". Et arrêtons d'emmerder les patrons qui cherchent à produire en gaspillant moins d'énergie, moins de matière, et en employant des robots plutôt que des hommes rendu à l'état d'androïdes. Les gains de productivité sont un bienfait pour l'humanité sur le plan de l'utilisation de la main-d'uvre. Nos contrôles devraient bien plutôt s'exercer sur la qualité de ce qui sort, sur les implications de ces productions sur notre environnement, nos réserves d'énergies, etc. Mais il me paraît du dernier rétrograde de vouloir maintenir des emplois au seul motif de ne pas perdre ces emplois. Ce qui n'est pas la même chose que lorsque cela concerne la sécurité par exemple. Laissons l'industrie et le secteur marchand aller vers des gains de productivité vertigineux. Laissons-les travailler sereinement à l'enrichissement de notre société. Et réfléchissons à une nouvelle répartition de cette richesse. Admettons avec eux que ce n'est plus à leurs postes de travail que l'on trouve la légitimité d'exister dans ce nouveau modèle social. Arrêtons d'encombrer inutilement les allées de leurs ateliers et bureaux et travaillons à trouver le nouvel équilibre « participation à l'effort collectif contre moyen d'exister dans de bonnes conditions ». Cela se situera peut-être autour d'une dizaine d'années "actives" dans sa vie pour un salaire permanent de quinze mille Francs pour une personneSigma Est-ce crédible ? Je n'en sais rien. Mais seul un vrai travail d'analyse en profondeur et de libre pensée permettrait de le dire. Certainement pas des opinions à l'emporte pièce de comptoir de café ou autres expertises aujourd'hui en vigueur. Et sachons que cette analyse ne PEUT PAS être menée par ceux qui pilotent l'économie, qui ne savent penser que l'intérêt de l'entreprise et du capital, ni hélas par la classe politique qui elle-même ne sait que ahaner depuis vingt ans que le chômage est un terrible fléau, dont il vont nous sortir. En forçant les patrons à embaucher ? Et pourquoi pas en obligeant l'eau à remonter les rivières ! En incitant les chômeurs à être leur propre patron en montant leur boite ? La plupart du temps, c'est quelques semaines d'un espoir fou, des mois ou des années de galères, et pour finir un échec dont certain ne se remettront pas, avec des dettes pour jusque leur petits-enfantsSigma Non, laissons disparaître tous les emplois avilissant, de bête de somme, ou d'un inintérêt définitif, ne réclamons pas des emplois de conducteur d'escalator ou de traverseur de vieille dame au feu rouge. Mais réfléchissons à un autre équilibre entre la production et la répartition des richesses. Nous avons su passer de celui qui plaçait une infime partie de la population dans une possession oisive contre l'immense majorité en esclavage ou servage, pour celui de quelques décennies d'un travail plus décemment mesuré et une jouissance matérielle mieux partagée. Une nouvelle étape s'impose à nous, ne lui tournons pas le dos. Ce n'est pas le chaos qui s'annonce, c'est un progrès. Et ce sont seuls des acteurs comme vous l'êtes qui peuvent l'imposer. Mais auparavant, il faut le penser, l'analyser, le décrire, le définirSigma C'est pourquoi, à nouveau, il me semble que ce mouvement, en même temps qu'il arrache les solutions de secours indispensables à court terme, doit réfléchir aux vraies solutions. C'est sa très grande responsabilité. F.A
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