Bref historique du Raid
Nous nous
sommes réunis le 9 septembre 1999 à Tunis pour former l'association "Rassemblement
pour une alternative internationale de développement" (RAID). Le jour même nous
avons déposé les statuts de l'association, comme le veut la loi tunisienne, auprès des
services du Gouvernorat de Tunis afin d'obtenir l'agrément légal.
Le 9 décembre
1999, le délai légal de trois étant passé, et vu que notre association n'a pas reçu
de refus, nous avons déclaré publiquement sa constitution légale.
La loi tunisienne stipule que toute nouvelle association, passé le délai de trois mois
et dans la mesure où elle n'a pas reçu une réponse négative motivée du Ministre de
l'Intérieur, doit faire une publication au Journal officiel. Mais, pour ce faire le
récépissé que délivre l'administration au moment du dépôt des statuts est
nécessaire. En ce qui nous concerne, l'administration a enfreint la loi sur les
associations en refusant obstinément de nous donner le fameux récépissé.
Nous avons envoyé un fax (le 14/10/1999) au Ministre de l'Intérieur pour porter les
faits à sa connaissance, en tant qu'autorité de tutelle, et en le priant de donner ses
ordres pour qu'on nous délivre enfin le reçu en question. Dans le même sens, le
Président d'ATTAC, Bernard Cassen, a adressé, le 2/11/1999, une lettre au Président de
la République tunisienne. Mais nous sommes toujours sans réponse.
Le RAID entend faire valoir son droit à une existence légale, c'est pour cela que toute
forme de soutien et de solidarité nous est fortement utile. Mais, le RAID n'entend pas
rester les bras croisés en attendant le récépissé. Nous nous sommes déjà mis au
travail, et une première table ronde, à été organisé avec succès le 18/12/1999, son
thème était : "Les alternatives à la mondialisation financière : bilan et
perspectives".
Et nous nous réjouissons d'autant plus de cette réussite du fait qu'elle fut
l'aboutissement d'un travail de partenariat triparti entre le RAID d'un côté, en tant
qu'initiateur de la table ronde, l'Ong internationale "el taller", comme hôte,
et la section ATTAC-Rhône (France) qui nous a soutenu dans notre action dès le début et
qui a envoyé son président pour animer cette table ronde.
Qu'est-ce
que le RAID ?
Le RAID a
été formé en tant qu'une expression de refus, émanant de la société civile en
Tunisie, de la mondialisation néolibérale dont le rythme tend à s'accélérer depuis
quelques années. Ce phénomène qui procède d'une liberté accrue des mouvements du
capital, de l'investissement et du commerce, porte de graves atteintes à la collectivité
humaine et à la nature.
Lordre néolibéral qui se met en place consacre la main-mise sur lavenir de
notre monde de quelques institutions internationales «démocraticides», qui confisquent
la citoyenneté des citoyens et la souveraineté des peuples et des Etats :
lOrganisation mondiale du commerce (OMC), le Fonds monétaire international (FMI) et
la Banque mondiale (BM), qui agissent pour le compte des firmes transnationales et des
spéculateurs financiers et des intérêts économiques dominants, contre les intérêts
de milliards dêtres humains.
Alors que loligarchie libérale sapproprie davantage la planète, les pays du
Sud sont soumis au régime dévastateur des Programmes dajustement structurel qui
font peser une lourde hypothèque sur leur développement tout en organisant le transfert
de leurs richesses vers les pôles économiques dominants du Nord, essentiellement par le
paiement des intérêts de la dette, les concessions et avantages multiples
quaccordent les Codes de linvestissement aux sociétés transnationales...
Nous vivons dans un monde de plus en plus inégal, injuste et qui entrave les aspirations
légitimes (de plus de quatre milliards dêtres humains) ; au développement et
au bien être. La part, dans le produit mondial brut, qui revient aux sept pays les plus
riches en 1998 a atteint 60% ; tandis que celle des 124 pays les plus pauvres
sélevait à peine à 16%. Un exemple illustre bien cette tendance à
laccumulation de la richesse entre les mains dune poignée de nantis : en
20 ans la Suisse est devenue de 52 à 508 fois plus riche que le Mozambique. Plus
révoltant encore : 40.000 enfants meurent chaque jour à cause de maladies liées à
la famine.
La Tunisie nest pas et ne sera pas épargnée par le maelström nélibéral qui
fragilise sérieusement léconomie de notre pays. Et lentrée, en 1996, de la
Tunisie dans une Zone de libre échange (ZLE) avec lUnion européenne,
narrange en rien cette situation dont les répercussions sociales, en particulier,
sont déjà sensibles et iront en saggravant. Les catégories les plus
vulnérables : les travailleurs, les pauvres, les populations des régions rurales,
les chômeurs avec ou sans diplômes, les femmes, sont déjà, les principales victimes.
Les mêmes conditions concernent tout le Maghreb alors quaucune instance
fonctionnelle inter-maghrébine nest en mesure de peser face aux Etats et aux firmes
qui veulent dominer la Méditerranée.
Les adhérents du Rassemblement pour une
alternatives internationale de développement déclarent:
Refuser le discours dominant
du libéralisme qui impose la libre-circulation des marchandises et des capitaux et la
fuite de ces derniers vers les paradis fiscaux tout en empêchant la liberté de
circulation des personnes.
Exiger la mise sous contrôle
citoyen de lOMC et des institutions financières internationales (FMI et BM).
Le
Rassemblement pour une Alternative Internationale de Développement a pour
objectifs : la mise en place d'un espace de réflexion, d'analyse, de propositions et
d'actions pour l'élaboration d'un projet alternatif de développement opposé au
programme libéral qui a été conçu dans le cadre des institutions financières
internationales (le Fonds monétaire international et la Banque mondiale). Les multiples
conséquences négatives de ce programme sont, aujourd'hui, aggravées par la politique de
l'Organisation mondiale du commerce (OMC) qui met les intérêts des entreprises
transnationales au-dessus des intérêts vitaux de milliards d'êtres humains ainsi que
ceux des générations futures et contre tous les équilibres écologiques.
De plus,
partant de l'exigence, aujourd'hui incontournable, dune globalisation des
résistances et des luttes face à la dictature des marchés, les adhérents du RAID
déclarent faire partie de la dynamique du Mouvement International ATTAC (Association pour
la Taxation des Transactions Financières pour laide aux Citoyens) dont les assises
internationales du mois de juin 1999 à Paris ont fixé les principaux axes de bataille :
la taxation des transactions
financières (taxe Tobin) et le refus des paradis fiscaux,
lannulation générale
de la dette publique des pays dépendants du Sud et des pays de lEst,
lutilisation des ressources libérées en faveur des populations et du
développement durable,
le gel des avoirs des
dirigeants dictatoriaux et leur rétrocession aux populations via un fond de
développement géré démocratiquement sur place,
le refus des accords de
libre-échange multilatéraux qui donnent tous les droits aux investisseurs au détriment
des Etats et des citoyens.
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