Article pour ad-kamera, association étudiante pour le cinéma sur le campus dijonais.
Novembre 2000.
L’Eldorado et Attac Dijon ont présenté ensemble en avant première le film de K. LOACH il y à quelques temps. La semaine dernière, A. KRIVINE, de retours de Palestine, est passée par Dijon le temps d’un débats en 2 parties portant sur l’Europe sociale (en rapport à la CIG 2000 à Nice) puis sur la situation en Palestine (une manifestation à lieu le 29 novembre à 18h devant la préfecture).
Voici un extrait d’une interview que j’ai recopié dans RED, le journal des JCR, de novembre.
Je retrouve l’idée que je me fais d’une lutte contre une certaine mondialisation. Je ne fais pas partis de la LCR, mais il me semble qu’il y a une bonne part de vérité dans ce que dit K. LOACH sur les partis de gauche. C’est un peu le type de remarque qu’on fait au groupe d’élus parlementaire Attac ( je te dis blanc, mais je vote noir…)
Après, chacun pense ce qu’il veut de cette interview.
Interview de Ken LOACH par Alain KRIVINE et traduits par François DUVAL, tirée de Rouge, journal de la LCR.
[…]
- “ Land and Freedom ” racontait une défaite, mais c’est aussi un film pour la révolution. “ Bread and Roses ” est un hymne aux combats des sans-papiers, qui luttent pour des droits élémentaires. Comment fais-tu pour être aussi optimiste, dans une période marquée par le pessimisme et le cynisme ?
- K. LOACH : En fait je crois que, toi et moi, on donnerait la même réponse. Quand un groupe s’imlique dans un combat, dans une campagne, même élémentaire, pour obtenir des soins médicaux, par exemple, cela libère de l’énergie, de la camaderie, de la bonne humeur, de la solidarité. La lutte donne de la force aux gens. On se sent mieux ; on rentre chez soi plus riche qu’on ne l’était lorsqu’on s’est levé le matin. Quand on partage cette expérience, on ne peut pas rester indifférent. Même quand ça va mal, que tout est sombre, il y a alors toujours quelqu’un pour lancer une plaisanterie, pour faire une bétise. C’est comme l’humour dans les tranchées. Si on regarde ça d’un point de vue distant, de journaliste, on ne peut pas comprendre et on a seulement des images sombres, blèmes, hostiles. Mais la vie n’est pas comme ça.
- Quand je t’ai rappelé que la dernière fois qu’on s’était rencontrés, c’était lors d’un meeting d’organisation d’extrème gauche, tu m’as repris…
- K. LOACH : Il y a peu de représentants élus de gauche qui soient de gauche ; tu es une exception. Le parti travailliste n’est pas de gauche ; c’est la droite. C’est le parti de buisiness ; il a été porté au pouvoir par les milieux d’affaires lorsqu’ils se sont rendus compte que les conservateurs étaient inutiles. Et ils ont trouvé un nouveau personnel politique pour faire le boulot. Il n’y a pas de parti de gauche parmis les grands partis. Les organistions que l’on qualifie d’extrème gauche sont la gauche, la seule gauche qui existe. C’est la seule voie de ceux qui vivent en vendant leur force de travail. Il ne faut pas utiliser le terme “ extrème gauche ” ; pour les gens, cela évoque des lanceurs de bombes. Alors qu’il s’agit seulement de défendre le droit de travailler , d’apporter sa contribution à un monde qui vaille la peine et de refuser d’être à la merci des décisions des grandres multinationales, celles qui disent : on va fermer votre entreprise, on va fermer votre ville, simplement parce que nous avons trouvé ailleurs des travailleurs meilleur marché. Résister à cela, ce n’est pas être extrémiste !
- Que penses-tu du mouvement contre la mondialisation, à Seattle, à Millau, à Prague ?
- - K. LOACH : C’est vraiment un signal d’optimisme. On peut débattre longuement des analyses de la mondialisation et des moyens de la combattre. Mais ce qui est formidable, c’est ce sentiment sorti des tripes que ce n’est pas une manière juste de vivre. Et puis il y a l’énergie, la manière imaginatives dont sont conduites ces campagnes. Les gens apportent leur énergie, leur intelligence. Ils s’organisent de façon nouvelle. Le jour où les employés de McDonald’s ont cassé la vitrine de McDonald’s est un jour qui fera date… Se battre pour le pain mais aussi pour les roses ? Oui, d’une certaine manière, c’est un peu mon idée du socialisme. |
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