Propositions - Spéculation

ATTAC - GOUVERNEMENTS ~ GOVERNMENTS

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belminfinances.jpg (25496 bytes)1001 Bruxelles, le 11-03-99 - Rue de la Loi, 12

Monsieur,

 

C'est avec beaucoup d'attention que j'ai pris connaissance de vos réflexions sur les mesures à prendre pour agir contre la spéculation financière et restaurer un ordre économique plus juste et plus solidaire.

J'appelle moi-même de mes voeux une réforme fondamentale du système financier et fiscal. C'est dans cet esprit qu'après Philippe Maystadt, qui l'a fait pendant de nombreuses années, je défends, depuis mon entrée au gouvernement, un certain nombre de propositions de réformes.

1- Pour une taxation des mouvements financiers spéculatifs.

La proposition de M. Tobin d'istaurer une taxe sur les transactions financières internationales reste d'une actualité brûlante. En jetant un peu de sable dans le rouage du système financier international, une telle taxe permettrait de freiner les mouvements de capitaux de court terme, et de réduire ainsi la vulnérabilité de nos économies vis-à-vis des marchés financiers.

Deux autres arguments plaident en faveur de cette taxe:

  • d'une part, la taxation des revenus des placements financiers est aujourd'hui anormalement faible par rapport à celle qui frappe les autres revenus, en particulier les revenus du travail; l'instauration d'une taxe à la Tobin contribuerait à un certain rééquilibrage;
  • d'autre part, les besoins des institutions internationales sont énormes, en particulier pour lutter plus efficacement contre la pauvreté dans le monde; l'affectation du produit de cette taxe pourrait leur fournir les ressources nécessaires.

Les avantages qui pourraient être obtenus suite à l'instauration de cette taxe sont donc nombreux et correspondent à des besoins qui sont encore plus criants aujourd'hui que dans les années 70, lorsque M. Tobin défendit pour la première fois cette idée.

Cela étant dit, de nombreuses critiques et oppositions de grands Etats se sont exprimés contre cette taxe, ce qui explique qu'elle n'a pas encore vu le jour. Les arguments invoqués ne me convainquent pas tous, sauf un: il faudrait que cette taxe soit généralisée à une zone géographique très large, sinon elle entraînerait simplement des délocalisations d'activités financières. Sur ce point, force est de constater que malheureusement il n'existe pas actuellement de volonté politique au sein des grands pays industrialisés pour aller de l'avant.

Il y a donc un travail important d'explication et de persuasion à faire pour convaincre nos partenaires de l'intérêt d'introduire une taxe sur les mouvements financiers spéculatifs.

C'est dans cet esprit que j'ai demandé que le staff du FMI fasse des propositions à cet égard. Une étude rapidement menée permettrait de savoir dans quelle mesure la crise asiatique et ses développements récents pourraient amener un certain nombre de grands pays à revoir leur positions sur cette question.

 

L'instauration d'une taxe sur les flux de paitaux, comme la Taxe Tobin, ne constituerait à mes yeux qu'un des éléments de la réponse à apporter aux dysfonctionnements des marchés financiers que la crise mondiale, qui s'est propagée de l'Asie du Sud-est vers la Russie et le Brésil, a révélés.

Ce qu'il faut bien voir, c'est que nous payons aujourd'hui les conséquences de l'excès de confiance des institutions financières internationales et de nombreux gouvernements à l'égard des politiques de libéralisation des mouvements financiers, qui ont entraîné le développement d'un immense marché financier dérégulé, qui a placé les Etats dans une situation de vulnérabilité extrême à l'égard des mouvements financiers.

Face à ce constat, le véritable défi à relever est de réformer en profondeur le système fiancier international afin de protéger les Etats et leur population contre les excès de la globalisation financière.

C'est cette conviction qui m'amène à défendre, dans les réunions européennes et internationales auxquelles je participe, des propositions de réformes ayant pour ambition de rééquilibrer le rapport de forces entre les Etats et les marchés. Celles-ci s'articulent autour de trois pôles: la surveillance des systèmes bancaires et financiers au niveau national, la régulation des marchés financiers au niveau mondial, et la mise à contribution du secteur privé dans la résolution des crises financières.

La surveillance des systèmes bancaires et financiers au niveau national...

La surveillance des sytèmes bancaires et financiers concerne non seulement les économies émergentes qui sont appelés à renforcer leurs systèmes de réglementation et de surveillance, mais également les pays industrialisés. C'est l'une des grandes leçons des crises récentes. La quasi-faillite du fonds spéculatif (hedge fund) américain "Long-Term Capital Management" a en effet révélé la fragilité du systèmes financier américain et l'impérieuse nécessité d'un contrôle prudentiel renforcé et d'une plus grande transparence des fonds spéculatifs et des transactions qui s'effectuent sur de nombreuses places financières "off-shore".

La crise asiatique a aussi révélé que la bonne santé économique d'un pays peut être mise en danger par des activités spéculatives de ses banques, par le développement de programmes d'investissements mal inspirés, par le développement généralisé de pratiques mafieuses. Il importe donc que la communauté internationale puisse s'organiser pour mettre au point des nomrs en matière de comptabilité, de faillite, de "corporate governance", qui puissent être appliquées par les entreprises qui développent des activités internationales. En d'autres termes, il faut développer un code de conduite qui puisse être respecté par les investisseurs qui empruntent les autoroutes de la finance internationale.

Le corollaire de cette analyse, c’est que les gouvernements doivent prendre beaucoup de précaution avant d’éliminer leurs contrôles de capitaux. C’est une précaution que de nombreux pays émergents comme la Thaïlande et la Corée n’ont pas prise, notamment parce que le FMI ne les a pas mis suffisamment en garde contre les risques associés à une libéralisation rapide des mouvements de capitaux, particulièrement ceux à court terme. Je suis donc d’avis qu’avant d’abolir les mesures de contrôle, les pays concernés doivent développer une capacité de supervision leur permettant de contrôler les risques associés à l’ouverture des frontières aux entrées et sorties de capitaux.

La régulation des marchés financiers au niveau mondial...

Il convient également de soumettre les marchés financiers à une surveillance appropriée au niveau mondial, en modernisant le système de réglementation et de supervision des institutions et de marchés financiers, et en l’adaptant à la réalité des marchés.

C’est la raison pour laquelle avec les autres ministres européens, j’ai proposé, lors des réunions récentes de Washington, d’examiner rapidement les mérites de mettre sur pied un "Comité permanent pour la régulation financière globale" qui pourrait se concentrer sur le renforcement de la supervision financière et la réduction des risques systémiques. Cette suggestion a été reprise par le président de la Bundesbank, M. Tietmayer, qui a proposé la création d’un "Forum de stabilité financière", chargé de renforcer la coopération et la coordination internationale pour surveiller les marchés financiers. Cette proposition a été présentée aux ministres des Finances et les gouverneurs des banques centrales du G7, qui l’ont bien accueillie.

Même si j’ai le sentiment que la proposition de M. Tietmayer aurait pu être beaucoup plus ambitieuse, je pense cependant qu’elle représente une étape dans la bonne direction, et est susceptible d’apporter une réponse à l’une des faiblesses majeures du système financier que Michel Camdessus, le Directeur général du FMI, a résumée ainsi : "Alors que des formes perfectionnées d'intermédiation financière à l’échelle mondiale se sont rapidement développées, nous avons tardé à mettre en place des pratiques et une réglementation des marchés mondiaux fondées sur l’expérience et sur des institutions crédibles pour les appliquer".

La mise à contribution du secteur privé dans la résolution des crises...

Je défends également l'idée qu'il faut mettre au point des formules concrètes pour amener les investisseurs du secteur privé à soutenir financièrement, d'une manière ou d'une autre, les pays en difficulté acceptant de mener des politiques saines avec l'aide du secteur public, c'est-à-dire des institutions internationales et des pays industrialisés.

De nombreuses raisons justifient d'impliquer le secteur privé quand une crise éclate :

  • l’aide massive apportée au Mexique en 1995 et plus récemment à des pays comme la Corée, la Russie et le Brésil, peut avoir donné l’impression que l’action du FMI vise à garantir un filet de sécurité aux opérateurs du secteur privé. Quand ce sentiment de confiance se propage chez les prêteurs et les investisseurs, ceux-ci tendent à devenir insensibles aux risques et à prendre de mauvaises décisions d’investissement qui augmentent le danger de crises futures. C'est pourquoi il est important que les investisseurs privés sachent qu'à l'avenir, lorsqu'ils prendront des risques disproportionnés, ils devront en accepter les conséquences ;

  • les mouvements de capitaux sont devenus tellement importants qu'il n'est désormais plus possible pour le secteur public de mobiliser les ressources nécessaires pour stabiliser une économie sans la participation du secteur privé. L'échec du programme du FMI en Russie et les difficultés actuelles du Brésil s'expliquent en partie par ce constat ;

  • le soutien financier du FMI et de la communauté internationale à des pays en crise est devenu politiquement inacceptable à partir du moment où il apparaît que ce soutien aboutit à jeter de l'argent dans une fournaise, non pour éteindre le feu, mais pour démanteler les flammes.

Même si les solutions à trouver pour mettre à contribution le secteur privé ne sont pas simples, ma position est qu'il est urgent de progresser dans cette direction. C'est en effet une condition essentielle pour restaurer l'efficacité des mesures d'aide de la communauté internationale aux pays en difficulté.

En ce qui concerne plus spécialement la Belgique...

Sur le plan fiscal belge, des mesures ont déjà été prises pour taxer les opérations et les gains de la spéculation financière. Ainsi, en ce qui concerne les opérations effectuées en bourse, une taxe appelée "taxe sur les opérations de bourse" (TOB) est prélevée lors de chaque acquisition ou vente d'une action.

En outre, si l'opération peut être qualifiée d'opération spéculative, c'est-à-dire en dehors de la gestion normale d'un patrimoine privé, le Code des impôts permet également de prélever un impôt supplémentaire de 33%.

Il convient enfin de rappeler que, d'une manière générale, les plus-values boursières correspondent à un accroissement du patrimoine des entreprises et que cet accroissement, consécutif aux bénéfices recueillis par ces entreprises, fait l'objet d'une taxation à l'impôt des sociétés au taux de 41,17%.

 

2. Pour UN CONTRÔLE DÉMOCRATIQUE DES INSTITUTIONS FINANCIÈRES

 

Je partage votre sentiment sur la nécessité de soumettre les institutions financières à un contrôle démocratique efficace. C’est particulièrement vrai pour le FMI qui occupe un rôle central au coeur du système financier et monétaire international. Cette conviction m’a amené à plaider en faveur du renforcement du Comité intérimaire du FMI.

Ce Comité comprend 24 membres comme le Conseil d’administration du Fonds, la seule différence étant que l’administrateur est remplacé, pour la circonstance, par son Ministre des Finances. Il se réunit deux fois par an. Il a pour rôle majeur de rechercher un consensus sur des questions délicates qui ne peuvent être résolues qu’au niveau ministériel, et les décisions du Conseil d’administration se fondent ensuite sur le consensus dégagé au sein du Comité.

Ce que je souhaite – avec d’autres Ministres des Finances, en particulier mon collègue français, Dominique Strauss-Kahn – c’est que le Comité intérimaire puisse acquérir un pouvoir de décision. Je pense en effet que l’influence et le pouvoir du FMI sont devenus tellement importants qu’ils imposent un plus grand contrôle par les Etats qui en sont les principaux actionnaires.

Comme vous le suggérez, ce contrôle pourrait également être accru par le renforcement de la transparence des opérations du FMI. A ce niveau, un certain nombre d’initiatives récentes que mon prédécesseur, Philippe Maystadt, et moi-même avons soutenues résolument, méritent d’être citées :

  • le FMI n’est plus tout à fait une institution secrète travaillant derrière le mur de la confidentialité. Il suffit de consulter son site Internet pour s’en convaincre. Les principales décisions du Conseil d’administration y sont publiées, et abondamment commentées ;

  • la transparence des décisions du FMI a également augmenté grâce au soutien des pays membres qui acceptent de plus en plus que les recommandations que le FMI leur adressent soient rendues publiques ;

  • le FMI accepte désormais plus facilement de se soumettre à la critique de panels d’experts indépendants. C’est ainsi que vient d’être réalisé un audit de la conception et de la mise en oeuvre des programmes d’ajustement structurel renforcé du FMI, dont les conclusions ont été publiées. Par ailleurs, l’efficacité de la mission de surveillance du FMI fait actuellement l’objet d’une évaluation externe.

Ces initiatives montrent que les choses peuvent changer dans la bonne direction. Je pense aussi que ce qui est possible pour le FMI doit l’être également pour les autres institutions financières internationales, comme la Banque mondiale.

Il me paraît également important de restaurer la primauté du politique au niveau européen. Cela exige notamment de revoir le processus de décision, d’adapter la règle de la majorité qualifiée, et de renoncer à la règle de l’unanimité.

C’est la condition pour permettre au Conseil des Ministres des Finances de jouer le rôle de "gouvernement économique européen" qu’on attend de lui. C’est la condition pour que le Conseil réuni au niveau des Ministres ou des Chefs d’Etat et de gouvernement, devienne ce véritable "gouvernement pour l’Europe" dont nous avons besoin pour progresser dans les domaines, notamment le fiscal et le social, où il est reconnu que le statu quo est synonyme de déficit de croissance et de déficit de prospérité.

Il convient également que le Conseil de l’euro – ou Euro 11 – qui réunit régulièrement de manière informelle les Ministres des Finances des onze pays de la zone euro, s’affirme comme le véritable "pôle économique" de l’Union monétaire. C’est une évolution nécessaire pour créer les conditions d’un dialogue équilibré et constructif entre les responsables du pouvoir économique et la présidence de la Banque centrale européenne. C’est également une condition pour que les Ministres des Finances de la zone euro puissent parler d’une seule voix sur la scène internationale.

Je crois enfin que la solution est européenne.

L’Europe a une longue expérience de déchirures, de guerres et d’affrontements. Démocratiquement, onze des quinze pays ont décidé de créer une union économique et monétaire pour assurer une croissance durable à notre continent. Cela ne peut pas se faire dans une vision d’égoïsme et de repli. Notre vocation est de porter un message moral au monde. Notre modèle fait de respect de la personne et de développement solidaire, de sécurité sociale et de protection des plus faibles est un modèle exportable. Il n’y a pas de pouvoir européen sans morale. A nous d’utiliser notre puissance économique – la deuxième du monde – pour faire prévaloir nos idéaux. C’est la raison pour laquelle je me bats pour une représentation unique de la zone euro là où les décisions économiques mondiales se prennent.

 

3. POUR FAVORISER LES REVENUS DU TRAVAIL PAR RAPPORT À CEUX DU CAPITAL FINANCIER

 

Le gouvernement belge a adopté une attitude volontariste par rapport au coût du travail. En effet, la différence entre le coût pour l'employeur et le revenu net du travailleur est devenu trop importante en Belgique. Le gouvernement a déjà pris des engagements concrets en la matière. Conformément au Plan d'action belge pour l'emploi, les charges patronales seront réduites, à partir de cette année, de 108 milliards de BEF sur 6 ans (soit 18 milliards de BEF par an, en régime de croisière).

Le souci pour l'emploi restant au premier plan de nos préoccupations, je propose que - tout en respectant "le programme de stabilité de la Belgique - 1999-2002" – que nous avons récemment introduit auprès des autorités européennes – cette politique de réduction des charges sur le travail soit maintenue et même intensifiée par le nouveau gouvernement.

Ce sera d'autant plus réalisable si nous arrivons à augmenter le produit d'autres sources de revenus pour l'Etat. Nous pensons en premier lieu à la lutte contre la fraude fiscale, tellement répandue en Belgique. Les efforts actuels pour arriver à une harmonisation fiscale au niveau de l'Union européenne - et même au-delà - pourront certainement nous y aider. Je songe notamment à l'évasion dans le domaine de l'épargne. Il est clair que le recouvrement de l'impôt sur l'épargne est loin d'être efficace en Europe, notamment en Belgique. Dans la mesure où la coordination en cette matière peut contribuer à une augmentation des revenus, le gouvernement il acquiert une marge de manoeuvre favorisant le climat de l'emploi. Des prélèvements fiscaux sur la consommation d'énergie me semblent une autre possibilité entièrement défendable de créer les moyens nécessaires pour une réduction des charges sociales ou même de l'impôt sur le revenu.

Plaider pour une coordination plus poussée des politiques fiscales, c'est accepter aussi qu'en même temps que les systèmes de même type, d'éventuels régimes de faveur existant en Belgique disparaissent. Un groupe de travail, sous la houlette de la Commission européenne, examine actuellement notre système de "centre de coordination" afin de déterminer s'il doit être considéré comme entraînant une concurrence fiscale déloyale.

Remarquons aussi que les Ministres des Finances des 15 Etats-membres de l'Union européenne examinent en ce moment la possibilité d'expérimenter une réduction de la TVA sur des services à haute intensité de main d'oeuvre. Cela me semble une piste intéressante comme incitant pour certains types de métiers à peu de valeur ajoutée économique mais à intérêt social important.

En ce qui concerne la levée éventuelle du secret bancaire, il faut remarquer qu'actuellement, la notion de secret bancaire n'appartient pas au domaine fiscal, mais bien au domaine pénal. Sous la pression des Etats-Unis, la plupart des pays de l'OCDE se rallient à la nécessité, sur le plan fiscal, de lever le secret bancaire. Ces dernières années, un instrument efficace pour la lutte contre le blanchiment des capitaux a été mis en place en Belgique. La législation anti-blanchiment vise des activités criminelles graves, notamment liées à la criminalité organisée, au terrorisme, au trafic de stupéfiants, à l'exploitation de la prostitution, au trafic d'hormones et à la fraude fiscale grave et organisée.

De plus, nous attendons des institutions financières qu'elles respectent les règles de jeu en matière fiscale, aussi bien en ce qui concerne leurs propres activités que les transactions qu'elles exécutent pour compte de leurs clients.

Les institutions financières et les marchés financiers en général ont également un rôle important à jouer dans la création de croissance économique et donc d'emplois. Comme la Commission européenne l'écrit dans le préambule de son document "Services financiers - élaborer un cadre d'action", des marchés financiers efficaces et transparents aideront aussi à optimiser l'affectation des capitaux. En facilitant l'accès au financement par émissions d'actions et au capital à risques, les entreprises pourront exploiter pleinement leur potentiel de croissance et de création d'emplois.

L'épargne pension peut évidemment apporter des moyens en ce domaine. Dès lors, nous sommes pour un développement équilibré des trois piliers du système de pensions. Tout en privilégiant le premier pilier, qui seul établit l'égalité, nous sommes favorables à un deuxième pilier plus développé qu'actuellement, basé sur le principe de la capitalisation. Il a certainement des atouts de différentes natures, notamment en ce qui concerne l'apport de moyens aux entreprises.

 

4. Pour DES INCITANTS AFIN DE STIMULER DES INVESTISSEMENTS ÉTHIQUES

 

Sur le plan des investissements éthiques, Philippe Maystadt, alors qu'il était encore Ministre des Finances, a pris l'initiative de promouvoir et de soutenir les travaux d'un groupe de réflexion en vue d'élaborer une proposition visant à encourager, par le biais d'incitants fiscaux, le développement de l'économie sociale en Belgique.

J'ai continué le travail entrepris par M. Maystadt et obtenu l'adhésion du Conseil des Ministres et du Parlement sur les mesures qui ont été reprises dans le projet de loi relative au plan d'action belge pour l'emploi 1998 et portant des dispositions diverses.

La première de ces mesures vise à encourager fiscalement le financement et donc à stimuler les initiatives dans toute une série de domaines qui présentent un intérêt social évident mais qui, malheureusement, sont souvent économiquement peu rentables.

Concrètement, il s'agit d'exonérer, à partir du ler janvier, la première tranche de 5.000 FB des revenus alloués, soit sous forme d'intérêts de prêts, soit sous forme de dividendes de prises de participation effectuées par des particuliers auprès de sociétés à finalité sociale agréées qui ont pour objet social exclusif :

  • l'aide aux personnes ;

  • la rénovation des sites d'activités économiques désaffectés ;

  • la protection de l'environnement, en ce compris le recyclage ;

  • la protection et la conservation de la nature ;

  • l'acquisition, la construction, la rénovation, la vente ou la location de logements sociaux ;

  • l'aide aux pays en voie de développement ;

  • la production d'énergie durable ;

  • la formation.

La seconde mesure vise, à partir de l'exercice d'imposition 1999, à exonérer de l'impôt des sociétés les bénéfices recueillis et maintenus dans le patrimoine des entreprises d'insertion sociale et professionnelle de demandeurs d'emploi difficiles à placer parce qu'ils :

  • sont inscrits depuis plus de douze mois auprès d'un office régional de l'emploi :

  • ne sont pas porteurs d'un diplôme de l'enseignement secondaire supérieur ;

  • n'ont pas bénéficié au cours des douze derniers mois d'un enseignement de plein exercice, ni

  • travaillé plus de 150 heures comme salarié ou un trimestre comme indépendant.

Par ailleurs, en matière de précompte professionnel, le régime applicable aux primes et indemnités octroyées dans le cadre d'un contrat de formation professionnelle conclu avec le Forem et aux indemnités octroyées à de jeunes stagiaires occupés dans une entreprise de formation par le travail (EFT) agréée sera modifié à bref délai.

En effet, ces primes et indemnités seront dorénavant soumises à un précompte professionnel déterminé conformément aux règles figurant au nº 19 de l'annexe III à l'arrêté royal d'exécution du Code des impôts sur les revenus 1992, plutôt qu'à celles énoncées au nº 22. Dès lors, un taux unique de 11,33% leur sera applicable (au lieu d'un taux Variant de 27,81 à 38,11%).

En outre, une dérogation administrative à la retenue de précompte sera accordée à l'égard des stagiaires qui bénéficient durant la période de formation, exclusivement d'une seule des indemnités précitées à charge du Forem ou d'une EFT.

Ces dispositions vaudront également à l'égard des primes et indemnités octroyées, selon des conditions et modalités similaires, dans le contexte d'autres réglementations régionales ou communautaires. Ce sera le cas notamment pour les primes et indemnités qui sont allouées dans le cadre des contrats de formation professionnelle conclus avec l'Orbem et le VDAB.

Cette modification est largement justifiée par le fait que lorsque le stagiaire ne bénéficie, à titre de revenu professionnel imposable, que d'une prime ou indemnité de formation susvisée dont le montant n'atteint pas celui de la quotité du revenu qui est exemptée d'impôt, il est de fait non imposable. Le précompte professionnel n'étant remboursé que bien plus tard, cela provoque une lourdeur administrative pour le débiteur du revenu et un sentiment d'injustice pour le stagiaire concerné, qu'il convenait de lever.

Comme Philippe Maystadt l'a écrit, "la prise en compte de la dignité et de l'humanité de la personne, voilà notre devoir, notre impératif catégorique, notre fil rouge, le principe directeur de notre démarche politique".

Veuillez croire à l'assurance de mes sentiments les meilleurs.

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