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Le Conseil scientifique

Un bilan à fin juin 2000

René Passet, Président du Conseil scientique

On voudrait à la fois :

- décrire concrètement le CS, dire ce qu’il est, ce qu’il fait et la façon dont il travaille...

- ...et préciser le lien qui peut exister entre les questions très différentes sur lesquelles il est amené à se prononcer (taxe Tobin, fonds de pension, OGM, communautés locales etc...) ; toute action en effet derrière laquelle il n’y aurait pas un minimum d’analyse serait condamnée à ne pas aller très loin.

On s’attachera donc, à reprendre l’ensemble des questions sur lesquelles nous avons travaillé, en essayant de mettre en évidence la conception générale dont elles tirent leur sens et leur cohérence. Cela fera également apparaître les vides dont le remplissage guidera les actions à venir.

I - CE QU’EST ET CE QUE FAIT LE CONSEIL SCIENTIFIQUE .

Son statut et ses missions :

L’article 12 des statuts déclare: “ L’Association met en place un Conseil scientifique.

Le président et les membres du Conseil sont nommés par le Conseil d’administration.

Le Conseil Scientifique propose au Conseil d’administration les axes de recherche de l’Association. Il organise ses travaux en toute indépendance. Il peut faire appel, sous sa responsabilité, à toute compétence extérieure qu’il juge utile. Il est garant de la rigueur scientifique des études produites et diffusées par Attac ” .

Situé au cœur du dispositif d’ATTAC, il a pour objectif de produire de l’information déclinée de manière à être abordable par tous, sous toutes les formes, sur les aspects de la sphère financière internationale et de la communiquer, notamment aux comités locaux et adhérents de l’Association . Le conseil se fixe en outre la tâche de formuler des propositions concrètes qui pourront servir de base à des campagnes d’actions publiques.

Sa composition : (1)

Plus que d’un “ conseil ” - évoquant une structure fermée - c’est d’un réseau - structure ramifiée, ouverte, non hiérarchisée et susceptible de s’étendre en fonction des besoins - qu’il convient de parler. Il comporte en effet :

- Un “ noyau dur permanent ”qui se réunit au moins une fois par mois et se structure autour des organisations fondatrices d’ATTAC :organes de presse, syndicats, associations ...

Citer tous ses membres serait fastidieux ; n’en citer que certains serait injuste...

Disons simplement qu’ils appartiennent au monde universitaire, syndical ou associatif : théoriciens et acteurs de terrain s’y rencontrent régulièrement et ont appris à travailler ensemble. Ce noyau, loin d’être figé, s’ouvre en permanence à des compétences extérieures, selon la nature des thèmes abordés et reste ouvert à ceux qui, y ayant été invités un fois souhaitent y retourner.

- Un ensemble de groupes spécifiques ( qui ne sont pas nécessairement parisiens) rassemblés dans un réseau “ à géométrie variable” et ayant des statuts très divers :

- certains de ces groupes émanent directement du Conseil scientifique ( paradis fiscaux, confiscation du vivant , Taxe Tobin, Fonds de pension , épargne salariale...), 

- les autres sont animés par des organisations amies avec lesquelles un travail en commun aboutit à des positions communes adoptées et défendues en commun ( cas des positions définies en coopération avec le CCC-OMC à la veille du sommet de Seattle, avec la Confédération paysanne sur les OGM...) ;

- d’autres enfin, sont pris en charge, pour le compte d’ATTAC, par des organismes autonomes proches de nos préoccupations et prenant en compte la préparation de documents et de prises de positions qui seront soumis au CS et qui pourront être repris ensemble, séparément ou par un seul des organismes ponctuellement associés ( exemple : l’économie associative , avec le CRIDA ou l’annulation de la dette internationale avec le CADTM...) 

Groupes actuellement au travail : (1)

- Contrôle des flux financiers et institutions financières internationales ;

- Retraites, épargne salariale et fonds de pensions

- Confiscation et marchandisation du vivant

- L’argent “ hors les lois ” et les paradis fiscaux

- L’économie solidaire

- La dette et l’aide internationales

- L’environnement et le développement durable...

- Le bilan du libéralisme...

- Les firmes transnationales

Comment travaille-t-il ?

Chacun des groupes, travaillant de façon indépendante prépare un projet de texte qui, lorsqu’il est suffisamment avancé, est présenté et discuté au Conseil qui fait part de ses observations. Le groupe concerné intègre ces observations dans un projet final qui, après une ou plusieurs discussions en conseil:

- soit aura le statut de document de travail,

- soit engagera publiquement ATTAC: ce sont notamment les “ quatre pages ”, et les petits ouvrages à 10 francs largement diffusés.

Ses axes de travail :

Il lui incombe de concilier en permanence :

- Une réflexion de fond visant à préciser le regard que ATTAC porte sur la mutation économique contemporaine, les analyses qui en découlent et les mesures qu’elles appellent. Nous y reviendrons.

- Un accompagnement de l’action militante , visant à devancer l’émergence des problèmes afin d’éclairer les prises de position du mouvement, alimenter le calendrier des activités de ce dernier, au plan national ou international. Dans cette perspective :

-Il s’agit de “ voir venir ” et de traiter en temps utile les problèmes pour aider le mouvement à définir ses positions. Par exemple, en 1999-2000 :

- au plan national : la seconde loi des 35 heures, les débats sur les fonds de pension et l’épargne salariale, les OGM...

- au plan international : Seattle fin 1999, le forum de Davos en janvier 2000, l’Assemblée générale de la CNUCED en février à Bangkok, la réunion du FMI à Washington en avril, la conférence de l’ONU à Genève, en juin, sur les questions sociales et la question de l’insertion de normes sociales et environnementales dans les accords commerciaux, la réunion du G7 fin juillet à Okinawa (Japon), l’Assemblée générale du FMI fin septembre à Prague, le sommet de l’Union européenne et la question d’une taxe Tobin à l’échelle européenne à Nice début décembre...

- Répondre, parfois d’extrême urgence, aux sollicitations des instances d’ATTAC sur des problèmes d’actualité Quelques exemples :

-fournir dans les 48 heures un argumentaire à l’appui d’un amendement parlementaire concernant la Taxe Tobin, 

- préparer, à la demande des parlementaires du groupe ATTAC et en concertation avec eux, le dépôt d’amendements au projet de loi de régulation économique du gouvernement 

- contribuer à la rencontre de Morsang-sur-Orge sur “ le mondial et le local ”,

- étudier, dans la perspective de la réunion de l’ONU à Genève la question de l’introduction de normes sociales et environnementales dans les accords commerciaux internationaux . 

- Diverses autres actions d’accompagnement :

Répondre dans toute la mesure du possible - aux demandes de conférenciers des150comités locaux ...en laissant subsister , nous le savons, de nombreuses insatisfactions .

Participer, à l’Assemblée nationale, au Sénat aux rencontres organisées contre l’AMI, ou en vue de contribuer aux prises de position du gouvernement à l’occasion des négociations de Seattle, ou encore en vue de réagir contre les menaces pesant sur le secteur public etc...

Se situer au cœur de la fonction d’éducation populaire qu’entend assumer ATTAC :

- organisation d’ateliers sur la Taxe Tobin aux journées internationales des 24 et 25 juin 1999 à Saint-Denis ; 

- mise sur pied d’un cours d’initiation à l’économie : “ Pour une économie au service de l’homme ” à l’Université d’été de la Ciotat (23-26 août 2000) ; 

- publication de notes brèves: les 4pp ; sur lesquelles nous reviendrons ; 

- lancement d’une collection d’ouvrages à 10 francs en liaison avec les éditions Mille et Une Nuits ; les ouvrages suivants ont été publiés à ce jour :

- Contre la dictature des marchés - La Dispute, Syllepse , VO Editions Paris oct.1999.

- Tout sur ATTAC (Mille et une nuits- juin 2000), 

- Les paradis fiscaux (Mille et une nuits - juin 2000)

Sont prévus pour l’année 200I (liste et titres provisoires):

- La guerre au vivant : OGM et mystifications scientifiques (coord. J-P. Berlan ) prévu en septembre 2000.

- Avenue du plein emploi (Th. Coutrot et M. Husson ) prévu fin 2000

- Le point sur les multinationales :G. Ménahem.( prévu fin 2000) ;

Plusieurs ouvrages publiés - hors collection ATTAC et à titre personnel - par des membres du Conseil, sont également considérés comme des ouvrages de référence :

- François Chesnais : “ Tobin or not Tobin ” - L’Esprit Frappeur Paris 1999.

- Pierre Khalfa ( coord.), Michel Husson... “ Les retraites au péril du libéralisme ” - Syllepse,Paris 1999.

- Jacques Nikonof : “ La Comédie des fonds de pension ” - Arléa Seuil Paris 1999. 

- Bernard Marris : “ Lettre ouverte aux gourous de l’économie qui nous prennent pour des imbéciles.- Albin Michel Paris 1999.

- Bernard Marris et Philippe Labarde : “ La bourse ou la vie ” Albin Michel , Paris 2000.

- Michel Husson : - “ Les ajustements de l’emploi ”- Page deux, Paris 1999.

- “ Six milliards sur la planète, sommes-nous trop ? ”- Textuel, Paris 2000

- Viviane Forrester : L’étrange dictature - Fayard, Paris 2000

- Susan George : “ Le rapport Lugano ” - Fayard, Paris 2000.

- René Passet : “ L’illusion néo-libérale ”- Fayard, Paris 2000.

II -QUELLE COHERENCE ?

Définir la cohérence de toutes ces initiatives constitue un exercice délicat : ATTAC se caractérise par la multiplicité des appartenances, des conceptions et des philosophies. Pourtant, si nous travaillons ensemble, et si nous parvenons à confronter nos différences c’est parce que nous avons en commun l’essentiel qui consiste, croyons-nous, à mettre au cœur de nos préoccupations les valeurs humaines , la personne et non la logique de l’argent et du profit. Nous avons consacré une séance du Conseil scientifique à cette question (19 mai : “ Quel regard sur la mutation économique ? ”) et nous entendons poursuivre cette réflexion.

Si nous travaillons ensemble, c’est aussi parce que chacun respecte l’autre et que nul n’essaie de d’imposer ses conceptions personnelles ou de les présenter comme des positions communes . Il nous arrive de partir de conceptions fortement divergentes et d’aboutir à une expression à la fois acceptable par tous et non dénuée de sens ( exemple, l’épargne salariale) ; d’autres fois ( économie solidaire, revenu minimum garanti) de constater nos divergences et de continuer à y réfléchir en attendant de parvenir - ce qui n’est pas impossible - à un minimum de consensus. L’important est que chacun, au lieu d’exclure l’autre, cherche à comprendre ses analyses.

Même - et surtout - si les considérations qui suivent s’appuient sur la grille de lecture du président du CS - il en fallait bien une - celui-ci doit se garder de présenter ses analyses personnelles comme étant celles d’ATTAC et s’en tenir à ce que les participants ont en commun, sans dissimuler les différences et les points en discussion.

Notre démarche commune consiste à souligner qu’il n’est pas de conception économique qui se puisse comprendre indépendamment d’un regard sur le monde et d’une philosophie. Si nous différons sur le détail nous sommes d’accord pour affirmer que:

- L’économie, activité de transformation du monde afin de satisfaire les besoins humains, n’a de sens que par rapport à l’homme qui en est la finalité...et non le moyen ;

- L’équilibre, auquel se réfèrent les libéraux est une hypothèse purement abstraite, coupée de toute réalité ; c‘est dans le mouvement de destruction créatrice de l’évolution qu’il faut situer nos analyses et nos propositions. Dans cette conception, l’homme est un acteur de l’histoire. 

Ce regard, nous conduit à souligner que nos économies et nos sociétés - caractérisée par le déplacement des forces motrices du développement, de l’énergie (la machine à vapeur, le pétrole, le nucléaire...) vers l’information et l’immatériel (l’ordinateur, le savoir, la relation, l’organisation...) - traversent une mutation d’une importance considérable à l’occasion de laquelle nous constatons :

- une transformation du mode de fonctionnement des mécanismes économiques : le marché amplifie les déséquilibres au lieu de les résorber, la production, la répartition, les échanges internationaux obéissent à de nouvelles logiques,

- et surtout, ce qui est déterminant dans la stratégie d’ATTAC, un double déplacement du pouvoir économique, du niveau des nations à celui de la planète et de la sphère publique à celle des intérêts privés. La logique de la finance - qui n’est pas une logique de création de richesses, de mise en valeur des territoires, de croissance ou de bien-être des hommes, mais une logique de fructification rapide d’un patrimoine financier, s’impose à tous les niveaux :

- les grandes sociétés financières ( pour une bonne part transnationales) dominées par leur actionnariat (corporate governance et fonds de pension) ;

- les Etats dominés par les impératifs de stabilité, au détriment des hommes.

La course productiviste qui résulte de cet impératif de fructification rapide d’un patrimoine financier entraîne :

- la dégradation de la nature, la marchandisation du vivant et du corps humain, 

- la transformation des hommes en instruments de l’efficacité d’un appareil productif qui n’est plus fait pour eux : la relève du travailleur par la machine se transforme en chômage, paupérisation, exclusion sociale...

- la marginalisation des nations les plus défavorisées et la rupture du monde.

Ces considérations expliquent la démarche et le programme du Conseil.

1- AU CŒUR DES PROBLEMES : LA SPHERE FINANCIERE :

L’évolution s’amorce en 1971 avec la rupture du dollar et de l’or (Nixon), la libre fluctuation des monnaies à partir de 1973 et surtout par la libéralisation à tout crin déclenchée dans les années 1983-1984 par le tandem Reagan-Thatcher ;

Alors :

- contrairement à ce qu’annonçait le clan libéral (Friedman), la spéculation se déchaîne, on nous annonçait des vigiles rationnels de l’avenir amortissant les fluctuations des marchés financiers; on a eu des moutons de Panurge créant et amplifiant les déséquilibres ; 

- l’anticipation des moindres variations relatives des cours des monnaies déclenche, de multiples mouvements spéculatifs d’aller-retour des mêmes capitaux ;

- les fond spéculatifs (hedge funds : Soros, LTCM) se portant massivement sur tel ou tel secteur tentent de créer les déséquilibres dont ils profiteront ; parfois cela réussit Soros contre le SME ) ; parfois cela échoue (LTCM avec le rouble) et c’est la collectivité qui en paie le prix;

- les capitaux s’investissent massivement dans une région du monde qu’ils quittent tout aussi rapidement qu’ils sont venus, déclenchant des déséquilibres considérables (SudEst asiatique en 1997...)

D’où l’accent mis par ATTAC le contrôle des flux financiers internationaux : 

- d’abord la taxe Tobin.

Mesure emblématique, mais qui ne dispense pas d’autres mesures de contrôle des flux financier et d’une réflexion sur l’organisation de l’espace international et les institutions internationales.

On trouve donc naturellement cette préoccupation au centre des travaux du Conseil scientifique.

- 25 janvier 1999 : Symposium international sur la Taxe Tobin. La question de la faisabilité. Déclaration commune en faveur de l’établissement d’une telle taxe :“ Pourquoi la Taxe Tobin ” 25 janvier 1999 ;

- Janvier 2000 : Retour sur la Taxe Tobin : Problèmes techniques de fixation du taux, de gestion et d’affectation des fonds.

Etablissement d’un questionnaire (“ La taxe Tobin : comment la gérer et pour financer quoi ? Fil conducteur pour un débat international ” - Bruno Jetin ), proposant un cadre d’analyse cohérent à tous les comités locaux et adopté par les différents comités nationaux d’ATTAC ; l’objectif est d’aboutir à de premières conclusions communes avec nos partenaires européens en juin et avec ceux des autres pays en octobre. Le résultat sera soumis au Conseil européen de décembre 2000.

- Mars-avril 2000 : Démarrage de la réflexion sur la réforme des institutions financières internationales (Suzanne de Brunhoff , Elsa Assidon, Dominique Plihon, François Chesnais, Bruno Jetin..), ; ce travail est appelé à se poursuivre sur le long terme. 

L’argent “ sale ” et les paradis fiscaux sont indissociables de la finance et de l’économie “ propres ”. Comme le remarque Jean de Maillard ( “ Un monde sans loi ” Stock 1998) le blanchiment de l’argent ne serait pas possible si des banquier honnêtes ne fermaient pas les yeux.......

D’où plusieurs réunions du Conseil scientifique:

- Autour de Pierre SALAMA sur l’économie de la drogue ;

- Autour de Jean de Maillard sur l’argent hors les lois et les paradis fiscaux ;

Mise en route du groupe de travail consacré à cette question ( sous la direction de Gérard Gourguechon): publication d’un 4pp. intitulé. “ Les paradis fiscaux ou la finance sans loi ” ; et du livre “ Les paradis fiscaux ” (Les mille et une nuits, juin 2000).

2- LES CONSEQUENCES DE L’EMPRISE FINANCIERE AU NIVEAU DU TRAVAIL DU ET DE L’EMPLOI :

Le problème, c’est l’emprise financière qui transforme les perspectives de relève de l’homme par la technologie en chômage, exclusion sociale, paupérisation et suscite des projets concernant les retraites, l’épargne salariale, les fonds de pension... 

La logique de l’actionnariat - distribution maximale de dividendes, priorité aux “ grands équilibres ” et à la stabilité des prix - se développe au détriment des salaires et de l’emploi.

D’où :

La création d’un groupe de travail sur les fonds de pension( J. Nikonoff, M.Husson, P.Khalfa...) Plusieurs séances ont été consacrées à ce thème. Elles ont abouti à la publication d’un 4pp. intitulé : “ La finance contre les retraites (avril 1999)

La création d’un groupe de travail sur l’épargne salariale : échanges de vue sur la possibilité de formules alternatives. Publication d’un 4pp. Intitulé : “ L’épargne salariale : fausses raisons et vrais enjeux ” Avril 2000);.

Dans la perspective de la “ seconde loi ” des 35 heures, une soirée a été organisée autour de : Liêm Hoang Ngoc sur le thème “ Pour des 35 heures créatrices d’emplois ”.

Un groupe de travail dirigé par J-M Harribey; a produit un 4pp. intitulé “ Emploi ou finance :un choix de société ” ; et prépare une monographie sur Michelin.

- 5 juin : Une soirée a été consacrée à l’examen du projet de livre de Thomas Coutrot et Michel Husson : “ Avenue du plein-emploi ” (à paraître fin 2000) . 

3- L’ORGANISATION DU SYSTEME PRODUCTIF : 

Le marché, nous dit-on, serait la seule structure naturelle: 

- les néo-libéraux affirment sa primauté sur le politique et sur la démocratie : c’est lui et non cette dernière qui correspondrait à l’ordre naturel des choses ; 

- il devient la seule référence par rapport à laquelle sont abordées les autre formes d’activités

- le public est défini par rapport au marchand : accords de Marrakech créant l’OMC ; et le “ tiers secteur ” est présenté de façon résiduelle comme ce qui n’est ni marchand ni activité publique, 

- la valorisation marchande devient la seule mesure de l’efficacité ; donc, comme les produits des autres secteurs ne se vendent pas sur le marché, leur productivité du secteur public est considérée comme nulle ; et ils sont censés ne comporter que des coûts ; 

- la logique du profit individuel est dominante au moment où, en raison des fortes interdépendances qui s’établissent à tous les niveaux, la production s’affirme de plus en plus comme un phénomène social. 
Pour contrecarrer cette logique, la réflexion du Conseil s’est orientée dans plusieurs directions.

Privé, public, économie solidaire :

Il s’agit de montrer, dans une perspective d’économie “ plurielle ” qu’il y a une place pour chacune de ces formes d’organisation dans la mesure ou les unes et les autres répondent à des fonctions sociales qui doivent être assumées.

Dans cette perspective, nous avons :

- Contribué à la conférence organisée au Sénat, le 20 novembre 1999, sur le thème “ Quels services publics pour le 21°siècle ? ”

- Créé un groupe de travail dirigé par Jean-Louis Laville sur “ L’économie solidaire ” ; une soirée a été consacrée à ce thème ; le travail continue pour rapprocher les points de vue ; 

- Participé à l’organisation du colloque de Morsang-sur-Orge sur “ Le local et le mondial ” (Daniel Monteux, Michèle Dessenne) auquel le Conseil scientifique a contribué par plusieurs communications; une publication est en préparation sur la base des communications présentées au colloque, parmi lesquelles plusieurs contributions du CS.

Firmes transnationales, fusions etc..

Nous dénonçons la mystification des fausses “ créations de valeur ” que la logique du système attribue aux fusions, ententes et concentrations d’entreprises. Il ne saurait y avoir de création de valeur autre que l’augmentation des satisfactions individuelles ou de l’utilité sociale. En fait nous sommes en présence d’un détournement des richesses créées par tous , au profit des détenteurs du capital financier. Les “ dégraissages ”,prélèvements sur la masse salariale, mises en faillite de petites et moyennes cellules de production ,mainmise sur la gestion locale des biens communs (l’eau...)...constituent les moyens de ce détournement de valeurs.

- Un groupe de travail animé par G. Ménahem a élaboré un “ Guide d’enquête et action sur les multinationales ” à l’usage des comités locaux, et prépare un document sur “ Ce qu’il faut savoir sur les firmes multinationales ” . La synthèse doit donner lieu à la publication d’un “ Mille et une nuits ” à la rentrée.

4- AU NIVEAU DE LA PLANETE, LES CONSEQUENCES DU LIBRE ECHANGISME : DEVELOPPEMENT, SOUS-DEVELOPPEMENT ET INEGALITES DANS LE MONDE.

Il ne faut pas se tromper de problème. La mondialisation est un fait ( le monde entier en temps réel : selon Castells l’économie “ globalisée ” est aujourd’hui “ capable de fonctionner comme unité, en temps réel, à l’échelle de la planète ”). Mais ce qui n’était pas inéluctable et peut être changé, c’est le l’ultra-libéralisme mis en place au début des années 1980 par le duo Thatcher-Reagan. C’est dans cet esprit que le Conseil scientifique s’efforce d’éclairer les luttes contre une certaine “ chienlit mondialiste laisser-fairiste ” pour reprendre l’expression d’un auteur pourtant libéral.

Sur ce thème également, le Conseil scientifique a été et reste présent sous différentes formes :

- Participation à la mobilisation contre l’AMI : plusieurs contributions (S.George, R.Passet...) au colloque de l’Assemblée nationale, le 22 avril 1998.

- Septembre 1999 : Réunion avec Susan George sur “ La question de l’OMC ” en vue des positions à défendre au sommet de Seattle.

- Groupe de travail Eric Toussaint (CADTM : Comité pour l’Annulation de la Dette du Tiers Monde ) sur l’annulation de la dette du Tiers-Monde et l’aide publique internationale) programmé pour la rentrée 2000-2001. Publication d’un 4pp. prévue. 

- 29 avril , 16 mai 27 mai 2000: Les normes sociales et environnementales dans les échanges commerciaux internationaux. Mise au point du texte d’orientation d’ATTAC sur L’introduction de normes sociales et environnementales dans les accords commerciaux, en vue de la Conférence des Nations Unies à Genève (23 - 25 juin 2000).

- Les travaux évoqués plus haut concernant les institutions internationales et l’espace mondial se rattachent également à ce thème.

5 -LA NATURE, L’APPROPRIATION DU VIVANT :

La révolution technologique de l’immatériel est riche de perspectives positives: économie de matières, d’énergie, d’espace, donc moindre bouleversement de la nature et meilleure gestion des ressources.

Mais les effets de la course productiviste viennent détruire ces perspectives : le saccage de la nature, la brevetabilité et l’appropriation du vivant (OGM, Terminator...), la marchandisation du corps humain...

Nous sommes dans un domaine où, grâce tout particulièrement aux efforts de Jean-Pierre Berlan, ATTAC n’a cessé de se situer en pointe de la lutte.

- Après une première réunion organisée autour de Jean-Pierre Berlan , sur L’appropriation du vivant, les OGM , Terminator, a été publié un 4 pages intitulé “ Empêcher le hold up des transnationales sur le vivant ” (juin1999).

Un ouvrage collectif “ La Guerre au vivant : OGM et mystifications scientifiques ” est appelé à paraître dans le courant 2000.

- Un groupe de travail sur l’environnement, dirigé par J-P. Maréchal, prépare un dossier et 4 pp. Qui sera soumis au Conseil, sur le thème: “ A propos de la vente de droits à polluer :à qui appartient l’environnement ? ”.

 

Si beaucoup a été fait en deux ans, beaucoup reste à faire et nous en avons conscience:

- Malgré tous nos efforts, nous n’arrivons pas à pleinement à satisfaire les demandes de nos 150 comités locaux ; comment y parvenir alors que chacun doit aussi faire face aux exigences de ses activités professionnelles ; pour illustrer l’engagement que cela représente pour chacun - et pour la petite histoire - on citera cet exemple d’un membre du Conseil qui s’excusait récemment d’avoir dû ralentir ses activités en n’acceptant désormais de ne participer “ qu’à ” rois manifestations par semaine... ; nous continuerons à faire de notre mieux ; peut-être l’université d’été de la Ciotat nous fournira-t-elle l’occasion de renforcer nos effectifs en préparant de nouveaux intervenants ;

- Nous n’avons pas - en dépit de toutes les demandes - accompli notre mission d’éducation populaire aussi complètement que nous l’aurions voulu ; là encore nous mettons de grands espoirs dans l’Université d’été qui, dans notre esprit, constitue l’amorce d’un effort systématique, à grande échelle, dans ce domaine ; 

- Bien des thèmes restent à examiner ; nous pensons, dès la rentrée de septembre, aborder les questions de la dette internationale et de l’aide publique au développement des pays les plus défavorisés ; d’examiner les conséquences de la “ net-économie ”, de revenir sur les institutions internationales ; l’environnement ; les menaces sur l’enseignement la culture et la santé, le revenu d’existence, etc... Dans un univers évolutif où il n’y a jamais de solution définitive aux problèmes, il nous faudra revenir sans cesse sur les questions précédemment abordées.

Contrairement à ce que pense Fukuyama, l’histoire n’a pas de fin. Il nous restera toujours beaucoup à faire. Nous serons toujours insatisfaits. Et c’est pour cela que nous continuerons à travailler. 

René PASSET ( 30-06-2000)

 

(1) Voir la table des matières des publications du Conseil scientifique groupe de travail par groupe de travail ainsi que leur composition