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Suite à une agression, Jalel Zoghlami, directeur de Kaws el Karama, entame une grève de la faim .
communiqué de Reporters Sans Frontières 3 février 2001

Suite à une agression, Jalel Zoghlami, directeur de Kaws el Karama, entame une grève de la faim

Dans une lettre adressée au Président de la République, Zine el Abidine Ben Ali, Reporters sans frontières (RSF) a protesté contre l'agression, en pleine rue, de Jalel Zoghlami qui vient de lancer un journal, Kaws el Karama. Robert Ménard, secrétaire général de RSF, a demandé au président "de mettre un terme à ces agressions contre ceux qui tentent de s'exprimer librement en Tunisie". "Visiblement, les autorités tunisiennes ont franchi un pas supplémentaire dans la répression en décidant d'attenter à l'intégrité physique des journalistes" a déclaré le secrétaire général. "Nous soutiendrons Jalel Zoghlami dans sa grève de la faim, comme nous l'avons fait avec Taoufik Ben Brik, dans la mesure où ses revendications sont tout à fait légitimes". RSF a rappelé que, le 20 juin 1999, suite à la parution d'un article sur la dissidence syndicale, Taoufik Ben Brik avait été violemment frappé par des policiers en civil, en pleine rue. Le ministère français des Affaires étrangères avait protesté dès le lendemain auprès des autorités tunisiennes. Et en mai 2000, un autre journaliste, Riad Ben Fadhel, avait été grièvement blessé par balles suite à la parution d'un article, dans le quotidien français Le Monde, dans lequel il avait mis en cause le Président dans la gestion de l'affaire Ben Brik.

Selon les informations recueillies par RSF, le 3 février 2001, Jalel Zoghlami directeur du mensuel Kaws el Karama (L'Arc de la Dignité) et frère de Taoufik Ben Brik, a été agressé en plein rue, à Tunis, vers 17h. Alors qu'il s'apprêtait à rentrer à son domicile, un homme lui a assené un coup de barre en fer sur la tête. Cinq hommes, armés de barres en fer et de poignards, ont alors poursuivi Jalel Zoghlami. Celui-ci a pu se réfugier dans une société de location de voiture où il s'est barricadé dans une pièce jusqu'à ce que des policiers arrivent, une demi-heure plus tard. Après cette agression, le journaliste a annoncé qu'il débutait, le jour même, une grève de la faim illimitée. Il demande aux autorités d'engager des poursuites à l'encontre des agresseurs et de les sanctionner ; d'arrêter toute forme de harcèlement contre lui et sa famille et de lui restituer, ainsi qu'à son fils, son passeport. Il réclame enfin la reconnaissance légale de Kaws el Karama. Jalel Zoghlami a expliqué qu'il porterait plainte, le 4 février, contre Taoufik Boûn, préfet de police de Tunis et Mohamed Ali Ganzoui, secrétaire d'Etat à la Sûreté.

Le 26 janvier 2001, plusieurs dizaines de policiers en civil s'étaient postés devant le domicile de Taoufik Ben Brik, à 19h30.
Une centaine de personnes était alors réunies chez le journaliste tunisien à l'occasion d'une conférence de presse pour le lancement du journal. Les policiers avaient alors empêché toute personne d'entrer dans la maison de Taoufik Ben Brik et poursuivi certaines autres qui en sortaient. Un militant du mouvement étudiant, Slah Hind, avait été frappé par les policiers. Ces derniers avaient également confisqué aux personnes qui sortaient de chez Taoufik Ben Brik des exemplaires du journal. Le numéro 1 de Kaws el Karama est titré en "Une" : "Ben Ali, treize ans, basta !". Il n'a reçu aucune autorisation légale.

Jalel Zoghlami avait été arrêté, le 26 avril 2000, devant le domicile de son frère. Il avait été relâché le 15 mai, ce qui avait entraîné l'arrêt de la grève de la faim de Taoufik Ben Brik.
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