Diversité des problèmes et globalité de la cause : ATTAC |
ATTAC est une association citoyenne internationale née en juin 1998 et décidée à médiatiser l'origine commune des problèmes actuels de société. Elle cherche à développer une synergie entre toutes les dynamiques visant l'intérêt des citoyens face à la mondialisation. Construit autour d'une plate-forme internationale, ce réseau s'ouvre aussi bien aux citoyens qu'aux associations, aux ONG's, aux syndicats, aux publications, etc. Près de 150 comités locaux se sont déjà développés aux quatre coins du monde (du Brésil au Sénégal et de la Norvège au Québec) et le réseau Internet leur permet de communiquer pour des actions communes. Sa philosophie part du principe qu'aux problèmes actuels de société correspond une origine commune, celle d'une organisation mondiale de la société insufflée par la mondialisation économique et basée sur le critère unique de rentabilité financière, ceci aux dépens des Droits les plus élémentaires de l'Homme et du Citoyen. En effet, si la richesse globale du monde est en croissance permanente, les inégalités et l'exclusion ne cessent parallèlement d'augmenter : 3 milliards d'êtres humains vivent avec moins de 2 dollars par jour, tandis que les 20% d'êtres humains les plus riches consomment 86% de la production mondiale. La 'crise' aux facettes multiples que nous vivons actuellement est donc loin d'être une fatalité et est au contraire la conséquence logique d'un système économique mondial basé sur l'exploitation des plus faibles par les plus forts. Le chômage et l'emploi précaire du Nord est ainsi la conséquence d'une 'dictature de la rentabilité sur fonds propres' imposée par un actionnariat toujours plus concentré. Ces actionnaires (à la tête desquels on trouve les Fonds de Pension anglo-saxons) imposent en effet un ratio de bénéfice de 15%, taux excessivement élevé que les firmes ne peuvent atteindre que par le biais de licenciements massifs, impliquant une substitution des revenus du capital à ceux du travail. Les exemples récents de Renault (la fermeture de Vilvorde a entraîné une hausse subite de 12% de sa cote boursière) ou de Michelin (l'annonce de 7500 suppressions d'emplois a entraîné une hausse de 14% de sa cote) en sont malheureusement une nouvelle illustration. Désormais, la logique selon laquelle on ne licencie que quand les affaires vont mal est donc révolue. C'est pourquoi ATTAC compte empêcher la généralisation des Fonds de Pension. Parallèlement, le développement n'est envisagé que par l'apport de capitaux et d'investissements internationaux. Cette politique de développement implique au Sud des privatisations massives et subites, le démantèlement des politiques publiques d'éducation et de santé et la connexion au marché mondial. Ces implications aboutissent logiquement et simultanément à une baisse des revenus des citoyens et à une hausse des prix de consommation ; et donc à une pauvreté accrue de la population. Pourtant, ces politiques de développement sont imposées par le FMI et la Banque mondiale et appliquées par les pays du Sud paralysés par leur dette. Le FMI et la Banque mondiale n'octroient ainsi des prêts aux pays du Sud pour le financement de leur dette qu'en échange de l'application de ces mesures anti-sociales. Or, cette dette n'a été contractée dans les années 70 que dans l'intérêt des financiers du Nord et des dirigeants du Sud ; et elle n'a explosé dans les années 80 que suite au relèvement des taux d'intérêt au Nord. Aussi, la politique de développement mondialisée se limite à assurer le paiement du service de la dette et à accumuler le nombre de citoyens condamnés aux bidonvilles. Le Brésil consacre par exemple 60% de son budget au paiement de sa dette, réalité qui concerne la quasi totalité des pays du Tiers-Monde, où vivent 80% de la population mondiale. C'est pourquoi ATTAC prône l'annulation de la dette du Tiers-Monde. Cette politique de développement implique en outre l'essor fulgurant des mouvements de capitaux internationaux ; 1800 milliards de dollars circulent quotidiennement dans le monde et plus de 90% de cette somme est consacrée à la spéculation pure et simple. Il en résulte une instabilité économique chronique et la succession de crises financières dans des pays payant une fuite massive de capitaux internationaux que le FMI et la Banque mondiale leur avaient imposés d'attirer. Les crises financières récentes en Asie du Sud-Est, en Russie et en Amérique du Sud en sont d'inquiétants exemples. C'est pour enrayer cette folie financière internationale qu'ATTAC veut entraver la spéculation internationale et établir une taxe sur la spéculation pour une aide aux citoyens. La croissance insoutenable de la pauvreté des citoyens du Sud les pousse logiquement à se tourner vers le Nord. Or, le Nord préfère la liberté des capitaux à celle du citoyen ; il se mue progressivement en forteresse culturellement uniforme, ce qui provoque les problèmes liés au Droit d'asile, aux Sans-Papiers, aux expulsions et à la carence en matière de solidarité internationale. Pire, une politique sécuritaire se développe et tend à désigner l' "étranger" comme unique responsable de tous ces maux. On va ainsi jusqu'à s'attaquer à des 'immigrés' pourtant établis depuis des dizaines d'années. Il en résulte une véritable 'libanisation' du monde et le développement de thèses néo-fascistes, souvent déguisées. Criminalité est désormais lié à ethnie, alors que chacun sait qu'elle est en relation directe avec la pauvreté. La situation financière des Etats du Nord n'est d'ailleurs pas au mieux elle non plus ; leur endettement s'est accru lui aussi sous l'effet de politiques laxistes et l'austérité est désormais de mise : les budgets sociaux, d'éducation et de santé sont revus à la baisse, alors que les budgets militaires sont consolidés et que les paradis fiscaux, centres de coordination et autres déréglementations des marchés financiers permettent d'éviter l'impôt aux seuls qui s'enrichissent. Pire, avec le Millenium Round de l'OMC, c'est une privatisation de 160 activités humaines que l'on annonce, dont l'éducation, la santé ou les services publics, activités auxquelles seuls les citoyens suffisamment solvables (c'est-à-dire les rares personnes ayant échappées au mécanisme d'exclusion du système financier mondial) auraient donc désormais accès. L'environnement et le citoyen se voient ainsi cernés par les règles du Commerce transnational ; le nouveau credo de cette fin de siècle ne considère la prospérité que créée par le commerce, omettant les coûts sociaux et environnementaux incommensurables qu'une telle logique implique. Le système financier international et la mondialisation économique entraînent une négation sans cesse croissante des Droits les plus élémentaires de l'Homme et du Citoyen. Les décisions prises à leurs dépens sont prises dans des lieux supranationaux non démocratiques. C'est donc la démocratie que le citoyen doit reconquérir pour imposer ses Droits. C'est pourquoi ATTAC vise globalement à reconquérir les espaces perdus par la démocratie au profit de la sphère financière. |