LE QUOTIDIEN

Moins de monde à la manif
La grève est cependant reconduite.

Le 4 avril 1998

 



Pour la sixième fois en un mois, enseignants et lycéens des établissements en grève de Seine-Saint-Denis sont descendus vendredi après-midi dans les rues de Paris. Entre Denfert-Rochereau et le ministère de l'Education, ils ont une nouvelle fois réclamé «un véritable plan d'urgence» pour leur département.

Le défilé intervenait au surlendemain d'une table ronde au conseil général de la Seine-Saint-Denis, au cours de laquelle le rectorat de Créteil a révisé à la hausse (lire Libération du 3 avril) le plan de rattrapage présenté par Claude Allègre le 2 mars. Plan d'ailleurs réévalué une première fois quelques jours avant la table ronde.

Le ministre ne pourra que mettre à l'actif de l'effort consenti la faible mobilisation. Alors qu'elles étaient mercredi plus de 10 000 à manifester (sous le soleil), seules 4 000 à 5 000 personnes se sont cette fois déplacées (sous la pluie), pour l'essentiel des lycéens. Claude Allègre pourra d'ailleurs s'appuyer sur les déclarations des leaders syndicaux de la FSU (Michel Deschamps, Monique Vuaillat et Daniel Lebret) qui ont accueilli positivement les nouvelles intentions ministérielles.

Jeudi soir, à la Bourse du travail de Bobigny, lors de l'assemblée générale des établissements en grève, le ton était nettement moins enthousiaste. Certains dénonçaient une «manœuvre» pour «démoraliser les grévistes». Tous, à l'exception du représentant départemental du Snes, jugeaient «inacceptables» les propositions faites la veille. «Nous sommes à un tournant. Il faut montrer au ministère que sa tentative d'éteindre le mouvement ne marchera pas», expliquait un prof. Et l'AG de voter «la poursuite de la grève et l'élargissement du mouvement». Des débrayages ont eu lieu vendredi ailleurs qu'en Seine-Saint-Denis, à Paris notamment.

Un prof d'histoire d'Aubervilliers présent vendredi dans la manif résumait bien la situation: «Nous avons gagné des choses, mais rien de fondamental. Nous avons gagné psychologiquement. Car un message a, je crois, été entendu.» Sa conclusion: «Les mesures présentées jeudi sont de nature à nous faire arrêter la grève. Elles ne régleront pas les problèmes du département» .

P.Q.



[Libération du 4 avril]

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